Sida, c’est quand qu’on guérit ?

- Mis à jour : 30 novembre 2017

Le texte d’appel à la manifestation du 1er décembre 2017 rédigé par Act Up Paris.

En cette journée mondiale de lutte contre le sida, nous, corps empreints de colère, manifestons pour que soit mis fin aux situations injustes qui les contaminent, nous, corps sortis du silence, manifestons pour qu’ils guérissent au plus vite. Il faut dire que les autorités mises en place contre le sida laissent délibérément aux mains du sida nos minorités, qui grossissent alors ses rangs en premier lieu. Quant aux antirétroviraux, ils n’ont pas résolu les difficultés sociales, économiques et affectives des séropositifVEs. Certes, ils maintiennent les vies, font qu’une personne en succès thérapeutique ne transmet pas le virus, mais ils ne sont pas sans conséquences sur les corps, et le virus est toujours là, terrain de jeu de nombreuses pathologies supplémentaires. On a oublié qu’on ne guérit toujours pas du sida, au point qu’on n’ose même plus se poser la question.

Nous pourrions vous parler de nos réserves vis-à-vis de ceux qui parlent de la fin du sida, alors que les moyens alloués à la prévention sont absents, que l’accès aux soins et aux droits est inégal, que les discriminations sur lesquelles pousse le sida perdurent. Ce premier décembre, les manifestantEs rappellent que mettre fin au sida demande des réponses fortes dans tous ces champs et demandent aussi de ne pas oublier les séropositifVEs, car la fin du sida passera nécessairement par leur guérison. Ainsi, nous réclamons que tout soit mis en œuvre au plus vite pour la guérison des séropositifVEs.

L’Etat ne favorise pas et ne soutient pas la recherche à un juste niveau, que cela soit pour les financements, la formation des chercheurSEs et la capacité à attirer ou à retenir des chercheurSEs en France. Dans une logique de réduction des finances publiques, les budgets de recherche médicale ont subi des coupes de financement ces dernières années. Par chance, le budget de l’Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les hépatites virales n’a pas subi d’amputation importante, à défaut d’augmenter.

L’industrie pharmaceutique est trop favorisée, elle presse jusqu’aux dernières gouttes les mannes financières d’un système de brevets et de rachats d’innovations, issues de la recherche publique ou privée, garantissant des marges financières astronomiques, au détriment de l’accès aux traitements de près de 40% des séropositifVEs du globe. Dans leurs intérêts, ils se contentent d’améliorer des formules médicamenteuses, retardent les avancées majeures de la recherche et de la guérison.

Les Etats se rendent complices de l’industrie pharmaceutique en n’agissant pas sur les prix des médicaments, notamment par leur non recours aux licences d’office, et en laissant l’industrie pharmaceutique attaquer d’autres Etats qui agissent pour un meilleur accès aux traitements.

Par ailleurs, les politiques menées par le nouveau gouvernement continuent d’alimenter l’épidémie : orientations austéritaires et répressives, sous-financement des hôpitaux, coupes budgétaires de la solidarité internationale et de l’aide aux migrantEs, effacement du ministère de la santé face au ministère de l’intérieur, mépris des conventions internationales en matière de migrations et de droits, absence remarquée du président, contrairement à l’usage de ses prédécesseurs, à la conférence de recherche sur le VIH/sida de l’International Aids Society de juillet dernier à Paris.

L’épidémie de sida n’est pas réglée, tout juste gérée, qu’une nouvelle hécatombe se produit en Méditerranée et dans nos rues. Par sa politique de non-accueil des migrantEs, préférant leur envoyer la police et les expulser, la France est à l’origine de situations indignes et se rend complice du sida.

Pour que nos corps ne soient plus contaminés, pour que nos corps vivent et guérissent enfin, nous exigeons :

  • le renforcement des moyens alloués à la prévention, à la réduction des risques et au dépistage, afin d’assurer l’accès inconditionnel et gratuit de touTEs à l’ensemble des dispositifs de prévention, de réduction des risques et de dépistage ;
  • que l’amplification de la prévention ne s’arrête pas aux portes des écoles, collèges, lycées, CFA et universités, notamment par une éducation sexuelle précoce et inclusive, ni à celles des lieux de privation de liberté, notamment par l’établissement de programmes d’échange de seringues ;
  • l’accès inconditionnel et gratuit de touTEs les séropositifVEs à toutes les lignes de traitement actuellement disponibles, ainsi qu’à tout ce qui permet de suivre sans restriction le déroulement de ces traitements, et notamment les examens biologiques ou d’imagerie qui permettent de se prémunir des comorbidités, et des effets de l’inflammation chronique induite par le VIH ;
  • le contrôle des pratiques des laboratoires par les états, au niveau national et international, pour que cessent les restrictions d’accès et les barrières financières, y compris par l’usage des licences d’office ;
  • la promotion de la recherche publique et libre, y compris par le renforcement des moyens alloués à celle-ci ;
  • le renforcement de la solidarité internationale, l’augmentation de la contribution de la France au Fonds Mondial et à UNITAID, et la mise en place de la Taxe sur les Transactions Financières Européenne ;
  • la levée de touTEs les politiques répressives et criminalisantEs, concernant les séropos, les pédés, les biEs, les gouines, les trans, les intersexes, les usagèrEs de drogues, les travailleurEUSEs du sexe, les raciséEs, les migrantEs, les femmes, les détenuEs, les personnes les plus précaires ;
  • l’arrêt des expulsions et la mise en place d’une vraie politique d’accueil.

SIGNATAIRES AU 27/11 :

Acceptess-T, Act Up-Paris, Actions Traitements, AIDES, ARCAT, Au-delà du genre, le BAAM, Bi’Cause, le Centre LGBT de Normandie, le Centre LGBTI Équinoxe à Nancy, le CGLBT Rennes, Collectif Archives LGBTQI, Collectif Education contre les LGBTIphobies, Collectif Intersexes et Allié-e-s, Élus Locaux Contre le Sida, l’InterLGBT, Gay’T Normande, le Kiosque Infos Sida et Toxicomanie, le Mag Jeunes LGBT, Nosig - Centre LGBTI+ de Nantes, NRJKIR Paris 8, Les Ours de Paris, le Planning Familial, les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence - Couvent de Paname, les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence - Couvent de Paris, Santé Info Solidarité (SIS)-Animation, SID’ACCUEIL NORMANDIE, Sidaction, Sol En Si, Solidarité Sida, SOS-Hépatites, Stop Homophobie, le Strass

SOUTIENS AU 25/11 :

Gay Games Paris 2018


 
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